CHRISTINE MULLER PEINTRE
Le mur de silence
J’ai trouvé ce matin un mur de silence
Au milieu de nulle-part et nulle-part où aller
J’avais le dos tourné en paroles insensées
Et l’esprit retourné à mes interférences
Quand je l’ai mesuré avec mon impatience
Mes phrases comme des pierres il a accumulé
Ma colère de ciment il a consolidé
Plus haut il est monté avec sa peine immense
Je me suis épuisée à en gravir le sens
A chercher un endroit où je pourrai passer
A creuser des serrures, en inventer les clés
A graver une entaille où sceller une alliance
Ce matin j’ai trouvé un mur de résistance
Attaché à garder sa verticalité
Mais j’ai continué à vouloir lui parler
A obtenir de lui son nom et sa clémence
Devant moi il y a, ce mur de silence,
Je ne sais plus comment est cet autre côté
Je ne peux plus m’aider à ne pas y penser
Tout contre lui je glisse avec mon impuissance
Adossée à mon mur, mon mur de silence,
J’attends qu’il se fissure, j’attends qu’il me rassure
Il faut compter un temps pour que la pierre murmure
Deux temps pour la distance
Quatre temps pour une danse